lundi 6 juin 2011

Sécularisation & Immanence ou bien Sacralisation & Transcendance ?

Certains combats d'arrière garde perturbent le débat et font obstacle à la discussion. Celui qui oppose, d'un côté les gens du siècle chargés de faire le procès de la transcendance et de désacraliser tout ce qu'il est possible de l'être, et de l'autre les religieux alertant le monde sur le risque de sécularisation et sur la volonté immanente de l'homme à comprendre ce qui l'entoure, est de ceux-là.
Aucun des deux "camps" ne peut prétendre à la vérité dans la mesure où celle-ci ne peut se passer d'une réconciliation entre les deux approches.
Maurice Zundel rappelait à juste titre que "le Verbe s'est fait Chair pour que la Chair se fasse Verbe". Inutile donc à la chair de se faire chaire et au verbe de devenir trop haut, ce n'est pas une question de discours mais une question d'expérience.
Rencontrer la chair, rencontrer le monde, c'est faire l'expérience, dans son corps physique tendu vers la fine point immanente de l'être, d'une nature Christique transcendante qui vient à sa rencontre lui révéler sa nature ultime. "Je suis dans le Père et le Père est en moi" dit Jésus, rappelant aussi aux juifs éberlués que "celui qui ne mange pas ma chair n'a pas part avec moi".
Les travaux excellents de Michel Henry dans "Incarnation, une philosophie de la chair" nous permettent de sortir non seulement de la phénoménologie mais surtout du débat d'opposition entre sécularisation et sacralisation, entre immanence et transcendance. Il nous faut apprendre une modernité du christianisme qui sache garder le tout de sa tradition sans être encombrée de rien et qui sache parler au siècle pour continuer à parler du Verbe. Or c'est en nous que le Verbe se dit. Ce n'est pas nous qui le disons. Mais il ne peut se dire que de toute notre chair pour entrer en résonance avec la chair des 6 milliards de terriens que ce Verbe veut rendre humains et faire naître ainsi à eux-mêmes. Telle est l'Eglise véritable, la paulinienne, la courageuse.
C'est au coeur du siècle, au coeur de la chair que le Verbe veut vivre mais d'une chair sacrée et respectée, ouverte à la transcendante pour y découvrir sa beauté ineffable, celle du vase d'argile si fragile qui porte à tous les hommes le délicat parfum de l'Amour.



dimanche 3 mai 2009

Quel sens pour l'Eglise ?

Le Christ est la tête, l'Eglise est son corps. Bien.
Encore une image forte qui, à force d'être bigotement rabâchée, devient une nouvelle image d'Epinal façon "la tête et les jambes", "celui qui pense et celui qui exécute", "l'intelligence et la force", poussez encore un peu et vous aurez "la Belle et la Bête"...
Il s'agit de tout sauf de cela. Seule l'idée d'unité, d'indissociabilité, est exprimée par cette "formule". Une tête sans corps et un corps sans tête, nous ramène vivement à l'absurdité d'une coupure entre les deux. Il s'agit bien de vivre entier, de vivre en un seul morceau avec toutes nos facultés.
L'usure du temps, l'habitude des mots, la circularité démoniaque de nos prières, émoussent, ce qui, du temps de Saint Paul, était fait justement pour réveiller, illustrer et frapper les consciences autrement et plus fortement que les tournures frappées, solennelles et hermétiques des pharisiens.
Toucher sans cesse la fine pointe de l'âme, exposer le profond de nos êtres au vent salé des vagues d'Amour infini du Christ, tel est le but et la vigilance de notre vie, toute entière tendue vers cette rencontre qu'elle ne peut oublier quand elle en a fait, ne serait-ce qu'une fois, l'éblouissante expérience.
Ce temps de Saint Paul, c'était le temps juste après l'éveil de l'humanité "accouchée" par Jésus. La tradition juive, endormie de certitudes et rigidifiée dans ses lois et ses traditions, a fait sentir aux premiers chrétiens le caractère étriqué de l'habit judaïque pour contenir ce grand corps christique. A vin nouveau, outres neuves : ainsi est née la religion chrétienne et son Eglise, prolongement de cette tradition juive, accomplissement de la Loi et des Prophètes.
Pourquoi alors, 2009 ans plus tard, sentons-nous à nouveau si fort le besoin d'habits plus grands ? Pourquoi ce que nous appelons "Eglise" nous semble si impropre à contenir à nouveau, l'extraordinaire beauté du Verbe incarné ?
Cette église chrétienne est d'abord nommée par les hommes. A aucun moment de sa vie terrestre, le Christ ne nous a indiqué : "bon les gars, je compte sur vous pour créer un mouvement mondial, avec des chefs et des sous-chefs, une solide organisation, des règles, des sacrements, un catéchisme, etc.." Rien de tout cela ne nous a été donné en héritage mais plutôt "Allez porter au monde entier la Bonne Nouvelle..."
Elle a bon dos l'annonce de la Bonne Nouvelle qu'elle doive aussi matériellement marquer la dimension temporelle pour servir sa dimension spirituelle. Il a bon dos le Paraclet qui nous révèlera en temps et en heure ce que nous pourrons comprendre quand nous en aurons fini avec les nourritures liquides. Rappelons nous que le Christ est venu accomplir : cela veut dire "réaliser la Loi et les Prophètes", passer au-delà. Ecoutons Saint Paul à deux endroits : "Tout m'est permis mais tout ne me convient pas"(1 Cor 6-12 TOB); autrement dit, la Liberté absolue à laquelle je peux accèder est au-delà des "interdits" et des "autorisés" du monde. Encore faut-il que je prête l'oreille à la source qui me libère.
"...nous avons été sanctifiés par l'offrande du corps de Jésus-Christ, faite une fois pour toutes"."Là où il y a eu pardon, on ne fait plus d'offrande pour le pêché". Ces deux extraits sont issus d'un très beau et très profond passage de Saint Paul (Hbrx-10-vs 1-18). Là encore, il ne s'agit plus d'actes de contrition comme issues vers la réconciliation avec Dieu, mais il s'agit surtout de prendre conscience, par couches successives dans nos vies et sous forme d'une joie de plus en plus grande, de l' Amour dont nous sommes aimés. C'est en comprenant à quel Amour nous sommes voués, que le sens de notre vie apparaît et nous pousse avec une force invincible, à nous consacrer toute affaire cessante et sans prendre une minute à progresser sur le chemin de Je Suis.
Pourquoi alors réenfermer dans un outillage devenu complexe et abscons, cette Vérité qui nous rendra Libre ? Pourquoi superposer à nouveau à la simplicité du Christ, un fatras humanoïde et protocolaire impropre à véhiculer cette relation nue, coeur à coeur, avec Celui qui est "la Vie de notre vie" comme dirait Maurice Zundel.
Ne sommes-nous pas en train, au travers de ce que nous appelons Eglise, d'endurcir à nouveau nos coeurs ? Ne nous sentons-nous pas une bien grande proximité et ressemblance avec ceux-là même qui n'ont pas vu en Jésus, le Christ, Messie qu'ils attendaient de tous leurs rites, de tous leurs sacrifices et holocaustes, de toute leur tradition, de toute leur Loi et de tous leurs Prophètes ?
Personnellement, je suis las de lire des encycliques toutes plus belles, profondes et pétries de sens christique les unes que les autres mais dont l'épaisseur et la gravité littéraire amenuisent le vent du large et la proximité des enseignements sur la place publique et au milieu des champs que Jésus pouvait donner, oubliant l'heure du repas et sans avoir pris ni date, ni rendez-vous, sans avoir réservé le lieu et organisé le service d'ordre.
Les chrétiens les plus militants m'objecteront que des mouvements comme les JMJ ou la visite de Benoît XVI à Lourdes étaient des "super moments". Que veut dire" super" ? L'impression vitalisante d'être nombreux et forts, un peu comme dans un stade de foot ? Le sentiment de faire Eglise là, tous ensemble ? A moins que ce ne soit la griserie des messes en plein air qui rompt avec les messes du dimanche si souvent ternes et glacées ?...C'est bien mais ça ne suffit pas.
Mon souvenir le plus fort de ces moments est celui d'un vieil homme baveux et à bout de souffle, beau pourtant dans sa fidélité jusqu'au bout à la charge de son service, "emmené là où il ne voulait pas aller" bien certainement, prononcer devant un immense parterre (toujours à Lourdes) et s'adressant plus particulièrement aux femmes : "Vous êtes les sentinelles de l'Invisible". Jamais rien de plus beau n'a été dit et ne sera dit sur les femmes. Ce gars là s'appelait Jean-Paul II. Ce jour-là j'ai pleuré parce que la Beauté est venue à ma rencontre sous la forme de cet homme. Nue, faible et d'apparence si laide, mais belle, tellement belle avec les yeux du coeur car incarnée malgré la maladie et la vieillesse, malgré les bafouillements inaudibles et les tremblements spasmodiques. Là était le Christ. Là est la Foi, là enfin est l'Eglise.
L'Eglise n'a pas d'autre utilité que de trouver le chemin du coeur : tout le reste est superflu et ne doit pas s'appeler Eglise ou entrer dans sa composition. Le chemin du coeur est étroit, simple, léger. Il est engourdi dans les liturgies déclamatoires, les orgues éclatantes, les ker-messes trop charismatiques. Le Christ ne veut ni être sacré roi temporel au temps des Rameaux, ni être crucifié entre deux voleurs au royaume des morts. Il traverse victorieusement les deux épreuves : il ne sera pas le prochain Président de la République mondiale comme on pourrait presque le pressentir lors de certaines manifestations ultra-charismatiques, il ne sera pas non plus le grand inquisiteur punisseur qui obligera une fillette de 9 ans violée par son beau-père à conserver l'enfant qu'elle porte dans son ventre pour obéir à une "loi" que Dieu lui-même ne donnerait jamais, même en enfer...
Contrairement à d'autres chrétiens, je n'attends pas Vatican III avec impatience ni Vatican XXXVI ou LVII du reste. Je n'attends pas l'Eglise, j'en fais partie et tous mes frères humains en font partie également. L'Eglise c'est l'humanité toute entière. Il ne peut y avoir de carte du club face au Christ. Juste un "oui" donné, même au plus profond du coeur et entendu de Jésus seul, suffit à répondre à l'appel de la Bonne Nouvelle. "Répondez par "oui" ou par "non", le reste vient du démon", dit Jésus lui-même. Ne nous faisons pas croire que les sacrements sont les "passages assurés" entre le monde des pêcheurs et le monde des saints. Qu'un sacrement nous "couvre malgré nous". Un sacrement est effectif à hauteur de notre adhésion. Si notre adhésion est totale, alors chaque sacrement est une rampe qui nous aide à monter l'escalier. Tout le monde n'utilise pas tout le temps la rampe pour monter un escalier. N'oublions jamais également que l'escalier, la rampe et le mur où la rampe est fixé sont "le Chemin, la Vérité et la Vie" dont Jésus dit "Je Suis" (ce Chemin, cette Vérité, cette Vie). Les sacrements sont les outils au service de la Rencontre. Personne n'a jamais vu l'outil faire le travail à la place de l'ouvrier. La pensée précède le geste, l'intention précède la réalisation, le désir de la rencontre précède la date, le lieu et l'heure. Pensée, intention, désir : autant d'impulsions fragiles que l'Eglise, à défaut de susciter, ne doit pas étouffer...
Mais pour pouvoir critiquer aussi vivement l'Eglise il faut l'aimer, c'est à dire lui obéir.
Divorcé, non remarié et vivant seul avec mes enfants une semaine sur deux, par obéissance à un sacrement compris a postériori mais prononcé sincèrement, devant Dieu et pour la vie, par respect profond aussi pour la dignité de mes enfants qui ont été voulus, conçus et accueillis sincèrement dans l'amour d'alors, j'applique la règle du catéchisme catholique. Je peux ainsi communier.
Imaginons un instant que je me sois remarié : finie pour moi l'eucharistie. "L'Eglise catholique accueille les divorcés remariés et les invitent à trouver dignement une place dans la communauté chrétienne" (sic). Un peu rapide et lâche vous ne trouvez-pas ? Qu'aurait fait Jésus à notre place ? Il aurait dit : "va et ne pêche plus" , c'est-à-dire, va et ne te trompe plus toi-même, ne t'égare plus. Sans garantie et sans être sûr d'éviter un nouvel échec. Et pardonner encore, 77 fois 7 fois si le pardon est demandé... Et c'est bien là ce que l'Eglise devrait engager comme travail avec les divorcés remariés : y-a-t-il eu un chemin de fait ? une conscience du sacrement reçu ? Je comprends la "sanction" de la privation de communion mais je crois que nous aimons ce Dieu qui ne peut que se donner car il est tout Amour. Faisons de même et relisons Saint Paul aux Corinthiens 13 -"L'Amour endure tout,...l'Amour ne passera jamais". Soyons à son image.
Et en ce qui me concerne, est-ce par peur des représailles que j'obéis ? Vous l'avez compris je l'espère : non, bien sûr.
Le Christ est au coeur de ma vie, parfois loin, parfois proche à mes yeux, jamais absent. Je ne manque de rien. Il est donc facile d'obéir. Y compris aux injonctions obscures du catéchisme de l'Eglise catholique. Mais que personne ne s'y trompe : c'est parce que le Christ est au centre de mon existence qu'il m'est facile d'obéir, amusé, à ce qui est un moyen et non une fin. En aucun cas, je ne serai capable d'obéir à cette règle du catéchisme si je n'avais déjà dit "oui" au Christ : ce qui voulu pour "inciter à" est en fait une barrière qui ruine la rencontre qu'un divorce (occasion de grande souffrance, donc de grande propension à l'humilité et fenêtre ouverte à une possible conversion) permet dans une vie. Ce moment où l'on se sent vulnérable devrait être utilisé par l'Eglise comme une main tendue, connaissant comme elle est censée le connaître, le caractère rare et précieux de ces moments où la vie nous force à tomber la carapace pour saisir la chance d'une rencontre avec le Christ. Au lieu de cela, elle fixe une règle dure et "débile" (au sens littéral du mot) : elle brandit un interdit en une phrase alors qu'elle devrait proposer un parcours en quelques années pour découvrir un chemin d'une beauté telle qu'il n'est plus besoin de loi et de catéchisme pour le suivre d'un pas léger. Tous les "Vatican" du monde ni changeront rien. "Sans loi, le pêché est chose morte" nous dit à nouveau Saint Paul (Rm-7-8-TOB). Le Christ se passe de catéchisme. Le Verbe passe de souffle en souffle, de vivant à vivant, de bouche à oreille, de témoignage en témoignage, de "je" à "tu" pour faire "nous" , (noos en grec, le souffle).
Ce n'est pas le monde qui est sécularisé, c'est l'Eglise elle-même. Elle est est la cause même de la sécularisation et doit sortir de sa torpeur et de sa gangue rigide pour inventer et créer sans cesse et à la vitesse de la Lumière (puisque le Christ est la lumière du monde) soit 300 000 km/sec. C'est la vitesse du Christ...Ce devrait être la vitesse de l'Eglise.

dimanche 19 avril 2009

"Lorsque vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous connaîtrez que "Je Suis" - Jn 8-28

...et le verset de continuer ainsi :
"...et que je ne fais rien de moi-même : je dis ce que le Père m'a enseigné". (extrait du nouveau testament - TOB).
La découverte de ce verset est à mes yeux la clé, la porte étroite qui permet à chacun de trouver la réponse à toutes ses questions. Il est un concentré, un résumé de l'objectif ultime de l'homme sur cette terre.

"Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme" : c'est quoi ce Fils de l'homme. Je vous soumets ma lecture. Si vous faisiez de la cuisine et que la recette vous indique : séparez les blancs des jaunes, alors vous mettrez d'un côté les blancs et de l'autre les jaunes de vos oeufs. C'est pareil ici. Vous mettez d'un côté, vers le haut le Fils et de l'autre l'homme. Mais attention ! sans les couper l'un de l'autre ! vous élevez le Fils par rapport à l'homme : les deux sont dans le même oeuf et nous avons besoin des deux dans la recette de la même manière. Comment alors élever le Fils par rapport à l'homme ? Pourquoi le Fils en majuscule ? 
La majuscule du Fils indique le Tout Autre, la part spirituelle Une à laquelle chacun de nous appartient et apporte un visage unique qui participe à l'Unique. C'est cette part de nous-même à laquelle nous participons en nous élevant. Pour nous élever, il "suffit" de nous abaisser en nous-mêmes, de nous abandonner intéreieurement et en toute confiance à une puissance d'Amour qui est déjà là et qui attend que nous décidions nous-même de la rejoindre. Ce mouvement vers le bas que nous faisons vient à la rencontre d'une force qui elle nous élève.

"Vous connaîtrez que "Je Suis". Il n'est pas dit ici, "vous connaitrez Dieu" ou "vous connaîtrez le Christ" ou "vous connaîtrez le Bonheur absolu". Non, rien de tout cela. Cette phrase appelle une expérience. Elle est littéralement insaisissable. J'en veux pour preuve l'échec de Google à prendre en compte le référencement de ce blog avec ce titre que le moteur refuse de voir orthographier de cette manière. C'est dire !...
Nous sommes invités après avoir élevé le Fils par rapport à l'homme (c'est une condition à remplir), à vivre une expérience incroyable : Je Suis. Je ne vais pas dans cet article approfondir cette partie du verset car il suppose une mise en perspective de cette montée, de cette élévation préalable que je vous proposerai bientôt pour que nous puissions partager ensemble la puissance de ces deux mots, écrits de cette manière.
La découverte de ce verset dans la Bible fut pour moi un cataclysme intérieur incroyable. Tout devenait possible parce ces mots étaient écrits par Jésus. Ces deux mots réconcilient tous les courants spirituels du monde, toutes les religions, mais aussi tous les psychanalystes et les philosophes honnêtes et intègres. Mieux, ils permettent aux athées déclarés et endurcis de croire.

samedi 18 avril 2009

Difficile obéissance ou douloureuse autorité ?

L'observation attentive des attitudes qui nous poussent à éloigner de nous le sentiment religieux ou, plus grave encore, le lien spirituel, m'amène au constat qu'une lutte vitale pour l'autonomie de pensée et d'actions, pour ce que nous croyons être la fleur de la liberté est la raison la plus fréquente et la mieux partagée de ce rejet. Nous pensons que la religion ou la dépendance à ce concept que nous appelons "Dieu", aliène et amoindrit la plénitude de notre liberté d'homme ou de femme et nous maintient asservit à un "au-dessus" de nous même que l'on a beau nous présenter comme l'Amour même, mais qui n'en reste pas moins, un "au-dessus" encore frappé d'un relent hiérarchique et dominateur suspect. En voilà donc valablement assez pour rejeter loin de nous un risque aussi fondamental et brandir fièrement l'étendard d'un "vivre et mourir sans Dieu mais libre au moins !"
Ainsi le combat pour la liberté et l'autonomie d'être serait la raison principale pour se passer de Dieu. Comme si la quête du bonheur libre passait par l'épreuve du renoncement à toute dépendance addictive à des concepts sous-humains destinés à nous rassurer et à nous faire oublier la peur de la mort, celle des autres un peu et la nôtre en particulier. Comme si seuls les faibles et les trouillards avaient besoin, pour affronter la mort, de brandir, comme un gri-gri protecteur, ce "Dieu" des "on ne sait jamais, si il existe, ça ne peut pas faire de mal de toute façon". C'est être brave, réaliste, sans-peur et libre penseur que de se passer de Dieu...

C'est la raison principale qui m'a fait ouvrir ce blog avec la volonté féroce de faire passer un message précis : 

Dieu se fout éperdument de Dieu. 

Seul "Je Suis" cherche, par une incarnation personnelle à réunir la Terre comme (idest à l'identique) le Ciel. Ce mystère du souffle qui s'incarne, ce mystère de l'esprit qui ne peut aboutir sans matière, les hommes lui ont donné un nom. Ils l'ont appelé Dieu : quelle erreur !

Depuis Dieu est devenu une instance référentielle, un maître étalon, pire encore : le fini dans notre quête d'infini. 

Nous avons tout gâché en nommant Dieu, la Personne qui ne peut que se donner et que nous sommes appelés de toutes les fibres les plus profondes de notre être à rencontrer dans ce Je Suis.

L'homme Jésus est un frère qui a réalisé ce Jésus. Il ne parle pas de Dieu, il parle de Père. Il dit qu'il est Un mais il n'est pas confondu avec Lui. 

Je Suis est Trinité. Je Suis est la réunion indissociable de "je", "tu", "nous" (noos/le souffle) pour éviter que Je Suis puisse être ne serait-ce qu'un instant impersonnel, égocentrique et incapable de l'autre.

Je Suis est cet empêchement absolu de voir en Dieu un point final, autre que nous-même et qui nous empêcherait d'être Je Suis. 

Dieu est Je Suis, nous ne sommes pas Dieu mais nous sommes capables de Je Suis si nous nous abandonnons à l'essence personnelle indéfinissable qui n'est qu'Amour et que nous expérimentons comme une rencontre avec des larmes de Joie profonde lorsque nous cherchons avec sincérité dans le silence et la solitude de notre coeur.

A ceux qui disent qu'ils peuvent se passer de Dieu, je dis que Dieu lui ne peut pas se passer d'eux.
A ceux qui ne peuvent se passer du nom de "Dieu", je dis que Dieu est au-delà de son nom et, qu'à tout prendre, il préfère être aimé que nommé.

dimanche 5 avril 2009

Le rêve de Dieu

Dieu un jour fit un rêve :
"Je vais faire l'homme si beau
qu'il ne pourra le croire,
je vais faire l'homme si bon
qu'il ne pourra le voir.
Je lui ferai compagne
qu'il ne manque de rien
et dans son coeur fébrile
je glisserai le mien.

Saura-t-il accepter
cet amour si gratuit ?
Saura-t-il voir en moi
de quel Amour je suis ?

S'il ne veut pas m'aimer,
je l'aimerai toujours,
de souffrances, en murmures,
en poèmes d'amour.
Et s'il ne me voit pas,
je lui donnerai en gage
de l'espace et du temps,
mes plus beaux paysages.

Je suis simple et facile,
trop peut-être à son goût
mais je ne veux de lui
que de l'Amour c'est tout.
Pour qu'il croie que le rêve
que pour lui j'ai créé,
se change tôt ou tard
en sa réalité.

A la maison, un soir d'automne 2002...

dimanche 15 mars 2009

Naître d'en haut

Nous croyons souvent que puisque nous sommes venus au monde alors nous sommes nés. En réalité, nous sommes nés de chair et de sang. Nous sommes nés mâle et femelle, terriens non encore humains, mais avec tout pour le devenir, tous les moyens, toutes les chances. Il nous faudre être fidèle à notre petite voix intérieure, celle qui nous dit : "ce monde est trop petit pour moi, il est trop fade pour moi, il n'est pas assez beau pour moi, ..."
Ami lecteur, je ne révèle pas en disant cela une faille narcissique mégalomaniaque, mais je reste plutôt fidèle à la beauté profonde et au dessein incroyable auquel est promis chaque être humain naissant sur cette planète.
Comme pour un accouchement, il y a ceux qui naissent presque facilement, il y a aussi les sièges, les césariennes, les prématurés, les pas-comme-les-autres,...Chacun d'entre nous doit affronter l'épreuve de sa vie, seul et sans filet : sa naissance d'en-haut.
De quoi s'agit-il ? de l'essentiel de notre vie en fait, car la vie d'en bas, la vie de chair et de simple passage sur cette terre est d'une telle tristesse et d'une telle angoisse, que l'on comprend aisément tous ceux qui vivent sur cette dimension de vouloir :
- fonder une famille,
- être en bonne santé,
- avoir une situation financière satisfaisante, voir confortable,
- profiter de la vie et de ses plaisirs,
- avoir une vie sexuelle épanouie,
"s'éclater" quoi..
Il suffirait qu'ils pensent juste sincèrement à être heureux pour vivre, avec et sans tout cela, de manière indifférente. C'est cela naître d'en haut.
De cette naissance, aucune sage femme ne vous parle, aucun philosophe ne vous indique la voie, aucune mère ne vous raconte le chemin détaché d'elle (ou quelle mère !), aucun psychologue ne vous soumet l'issue, aucun prêtre ne vous livre le liminaire chemin pour accèder au reste, aucun puissant de ce monde ne peut parler, aucune femme qui ne l'ai déjà vécu, ne vous dira qu'elle la sait depuis toujours...
Naître d'en haut, c'est exiger d'être heureux en étant prêt à abandonner ses idées et ses combats les plus précieux et les plus sincères, par amour d'une vérité infinie dont nous pressentons l'existence au plus profond de nous même.
Naître d'en haut, c'est mourir à soi-même et toucher d'une manière palpable et réelle, concrète, une douche sous un robinet d'amour d'un débit de 1 000 000 millions de m3/sec. en ayant le pouvoir de l'arrêter quand "on" veut.
Que faut-il faire pour cela ?
Simplement dire du plus profond de notre coeur, sincèrement : "je veux naître dans cet Amour". Rien ne se passera et pourtant tout changera dès lors que notre attention sera portée au plus insignifiant détail. Vous saurez quand vous serez nés d'en haut, car ce jour là vous direz : je suis vivant !

Ce Jésus là, c'est quelqu'un que chacun peut rencontrer...

Au fil du temps, je raconterai sans doute cette rencontre, la mienne et la seule finalement que je puisse raconter d'expérience. N'allez pas croire que c'est facile de se lancer à écrire sur un blog qui peut être lu par tous, des choses personnelles, intimes même. Il m'a fallu du temps et un peu de courage aussi pour me décider. Sans doute parce que je sais au fond que cet intime-là, ce personnel est au creux de chacun de nous, qu'il nous unit au-delà de nous-même.
Pour l'heure, c'est à aujourd'hui que je pense. A cet aujourd'hui sans repère, sans paix et sans joie. Qui que nous soyons, nous ne nous trompons pas si nous exigeons de vivre heureux. Nous en avons le droit, nous en avons surtout le devoir. Ce devoir est exigeant mais ne nous décevra jamais. Nous avons simplement une chose à faire : vouloir être heureux de toutes nos forces, de tout notre être, de toute notre haine et de toute notre colère, jusqu'à hurler face à face avec cet insaisissable que les hommes appellent Dieu : Pourquoi m'as-tu abandonné ?
Je ne parle pas ici d'un bonheur au rabais, étriqué, uniquement matériel, social ou familial. Ce bonheur là est un bonheur fini, insuffisant et incapable de nous faire toucher le Bonheur authentique. Ne nous contentons pas de peu. Demandons l'impossible, vraiment, en y croyant du plus profond de nous-mêmes. Allons à la rencontre de ce qu'il y a de plus fou dans nos rêves de bonheur. Le vrai Bonheur est encore plus fou que nous ne pouvons l'imaginer.
Si Dieu existe ? demandons-le lui. Attrapons-le par le collet et secouons-le ! sommons-le de se montrer, de se manifester, de nous faire un signe ! il nous doit bien ça non ? posons lui TOUTES nos questions. Pas seulement les faciles mais les très difficiles, surtout les très difficiles, exigeons des réponses et soyons prêts à écouter toutes les réponses. Soyons prêts à mourir plutôt que de ne pas avoir de réponse. Allons au bout. Car si la vie vaut d'être vécue alors c'est debout que nous voulons la vivre, en homme, en femme qui ne se contente pas d'ersatz de bonheur. Pleurons, crions, éprouvons la douleur de l'enfantement mais ne lâchons rien...ça y est, il arrive, il est là, je vois sa tête...Cette rencontre est un enfantement.